Derichebourg
Le tri à tout prix
Saviez-vous que plusieurs entreprises logées au Port sont les championnes de l’économie circulaire ?
Quarante mille mètres carrés le long du canal, à quelque encâblures du Docks et en face du palais royal, les installations de Derichebourg Bruxelles, top 5 mondial du recyclage des métaux ferreux et non-ferreux (ceux qui ne prennent pas à l’aimant), ne passent pas inaperçues ! Un immense broyeur, le seul à Bruxelles, auquel rien ne résiste ou presque, une cisaille, des containers, des hangars… et sur la canal, où souffle le vent, des péniches qui passent, paisiblement. On se croirait dans le décor d’un film d’Alain Corneau.
C’est le responsable d’exploitation de Derichebourg, Harry Baes, 50 ans, qui nous fait la visite. « Je viens du milieu du déchet. C’est noble, le recyclage ! La ferraille et le non-ferreux, c’est une matière première. Et il est plus simple de retravailler ces matériaux chez nous, où il y a une certaine noblesse à faire du nouveau avec du vieux.»
Chez Derichebourg, on recycle tout, ou presque. Les métaux, les matières plastiques et les liquides. Si vous y apportez votre vieille voiture, elle sera complètement désossée et débarrassée de tous ses fluides, l’huile de moteur en premier. Au final, il ne restera que du métal et quelques résidus de plastique. Un énorme pas en avant dans le monde du déchet. « On est en plein progrès, ces dernières années, nous avons fait un grand pas en avant dans le recyclage. Évidemment il reste toujours un peu de déchets résiduels mais nous recyclons quand même plus de 90% de ce qui arrive quotidiennement. C’est énorme. Et les matières qui ne peuvent pas être traitées ici sont redirigées ailleurs, vers les autres sites du groupe, dans les dix autres pays d’Europe où nous sommes implantés. C’est du boulot ! » sourit Harry Baes. En tout, le groupe emploie près de 6 000 collaborateurs dans le monde et recycle annuellement 4 millions de tonnes de déchets ferreux et non-ferreux.
Pour le groupe Derichebourg, le recyclage, la transformation et l’économie circulaire représentent clairement l’avenir, et les professionnels comme les particuliers le savent. Avec toujours cette petite satisfaction financière en sortant du parc à conteneur. Tout le monde est gagnant, la planète en premier.
C’est ainsi que tous les jours au port de Bruxelles passent des camions et des voitures de particuliers sur l’énorme balance située à la sortie des installations, qui indique le poids des véhicules délestés de leurs déchets. Et donc du poids des déchets déposés. Avec quelques euros à la clé pour les déposants. « Les petits indépendants, les électriciens, plombiers, chauffagistes…, restent nos clients préférés. Ils savent ce qu’ils ramènent, ce sont des matériaux de qualité, bien rangés et faciles à travailler. Par contre, quand une grosse société de démolition débarque avec des tonnages énormes, c’est plus de boulot. Il y a toujours quelques restes difficiles à recycler. Mais le milieu se professionnalise tous les jours un peu plus. Il était temps. »
Le futur du recyclage s’annonce radieux, et c‘est tant mieux pour une planète aux ressources finies. « L’Europe est une mine à ciel ouvert. » lâche Harry Baes. Et Bruxelles, en perpétuelle évolution, avec sa vingtaine de parcs à containers et les nombreuses sociétés de démolition et de construction, en est le cœur. « Tout ce qui arrive dans ces parcs revient finalement au port. Tout est trié, broyé ou cisaillé sur place avant d’être renvoyé dans les usines pour une nouvelle vie. L’exportation non-travaillée ne nous intéresse pas. » souligne Harry Baes. « Vous savez ce qui a coulé le Titanic ? Ses boulons ! Ils étaient de mauvaise qualité parce qu’ils provenaient de mauvaises fonderies. L’acier ne ment pas, il faut suivre les règles. L’Europe, et la Belgique en particulier, a un savoir-faire reconnu mondialement dans le domaine de la métallurgie. C’est chez nous que Dubaï achète son acier, la qualité est en Europe. »