L’hirondelle de fenêtre
Son sauvetage incroyable, mais aussi la faune qui vit dans l’eau ou sur nos berges.
Le canal de Bruxelles :
un étonnant maillage vert et bleu
Mais, au fond, que croise-t-on comme espèces animales sous l’eau, sur les berges ou dans les airs autour de notre précieux canal ? Alain Boeckx, ornithologue de terrain, a décidé de vivre pleinement sa passion pour la nature. Il connaît donc le canal comme sa poche et sera notre guide ! Il collabore avec l’asbl Escaut sans frontières dans le cadre du projet « Le canal, un corridor écologique au cœur de Bruxelles ».
Un corridor écologique
Le regard d’Alain s’anime lorsqu’il parle de la faune qu’il observe le long des berges. « Bien avant les années 2000, une nature spécifique avait repris çà et là ses droits suite à l’arrêt de certaines anciennes activités industrielles jouxtant le canal. Plus récemment, la mobilisation concertée des organismes publics, d’acteurs privés et du monde associatif a tendu à favoriser le maintien de cette biodiversité. Aujourd’hui, on a déjà observé plusieurs dizaines d’espèces d’oiseaux, certains nicheurs devenus rares, une quinzaine de sortes de poissons, des lézards, des papillons et des libellules. » Un cercle vertueux s’est ainsi mis en place : le nettoyage du canal par le Port de Bruxelles, améliorant du coup la qualité chimique de l’eau et son taux d’oxygénation nécessaire à la vie aquatique, bénéficie à l’ensemble des espèces qui y vivent aujourd’hui.
Des projets pilotes
L’hirondelle de fenêtre (Delichon urbicum), sauvée il y a peu de l’extinction à Bruxelles, a fait l’objet d’une action spécifique à partir de la meunerie Ceres à Haren, qui abrite aujourd’hui la plus grande colonie de Belgique. « En installant une soixantaine de nichoirs en haut d’un bâtiment d’époque sur la berge en face (les anciennes brasseries Meudon) et en attirant les hirondelles par des cris enregistrés, on a pu significativement augmenter le nombre de nicheurs et ainsi réimplanter cette espèce grégaire. »
Plusieurs acteurs ont contribué à cette réussite : Nos Pilifs, Natagora, Escaut sans frontières et Silo. Parfois, ce sont même les bateliers qui donnent un coup de main : « Dans un cas similaire, celui des hirondelles de rivage (Riparia riparia), revenues nicher ici après 40 ans d’absence à Bruxelles, on s’est rendu compte qu’elles s’étaient adaptées aux berges bétonnées en allant carrément faire leur nid dans de minuscules interstices logés dans les berges. Le Port de Bruxelles a demandé aux bateliers de changer de lieu d’amarrage, afin de ne pas gêner les allées et venues des hirondelles en période de nidification, car cela aurait mis en danger les oisillons. Les bateliers ont bien entendu accepté d’aller s’amarrer ailleurs », sourit Alain Boeckx.
Faune et flore au centre de toutes les attentions
Amélie Augem, environnementaliste au Port de Bruxelles, détaille les dispositions mises en place pour aider à la biodiversité. « Notre plan nichoirs permettra aux infrastructures du domaine portuaire d’accueillir certaines espèces dont les populations sont en déclin, en fournissant des sites de nidification pour les oiseaux et les chauves-souris. En tout, une soixantaine de nichoirs sont prévus. Par ailleurs, l’importante campagne de radeaux végétalisés (déjà plus de 200 m2 ont été installés et ce n’est qu’un début) a permis de remplir plusieurs objectifs : diversifier les biotopes présents le long du canal, créer de l’habitat pour les poissons, les oiseaux et les insectes, contribuer au rôle de corridor écologique du canal... »
Ces initiatives, qui font l’objet d’un monitoring technique et écologique, sont amenées à se multiplier dans les années à venir !